« Dangereux pour le poids et la santé », « dénués d’intérêt nutritionnel », « aussi addictifs que l’alcool », … Une mauvaise réputation qui colle à la peau des sucres et produits sucrés ! Qu’en est-il réellement ? Faut-il proposer une alimentation « Zéro-sucre » à nos enfants ?
Marie (Diététicienne) et Christelle (Educatrice de Jeunes Enfants) lèvent le voile sur les perceptions, tant nutritionnelles que pédagogiques, autour de ce sujet qui divise.
A l’origine
L’attrait naturel pour le sucre est une grande histoire d’amour chez le bébé, puisque le liquide amniotique en contient. C’est ce qui lui permettra d’apprécier le lait, qui a un goût naturellement sucré, grâce au lactose qu’il contient. Un réflexe de survie inné en soi !
Et qui dit « instinct de survie » dit « indispensable ». Le sucre est un carburant pour le corps. Il apporte de l’énergie pour grandir, se développer, faire fonctionner les organes vitaux et faire travailler le cerveau de votre enfant. La mémorisation de ses acquisitions en est dépendante. Il est donc inconcevable de vivre sans ‘sucre’.
Le maître-mot est : juste mesure !
Les risques d’une alimentation trop riche en sucre sont réels et peuvent effrayer tout parent qui souhaite le meilleur pour son enfant et son avenir. Ce qui est source d’angoisse est, en réalité, l’inconnue. Dans le cas présent, la méconnaissance de ce que sont les sucres et le rapport que nous pouvons avoir avec eux. Pour se libérer de ces démons blancs, apprivoisons-les ensemble.
Le Petit Prince – A. de St Exupéry
« Qu’est-ce que signifie ‘apprivoiser’ ?
– C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie ‘Créer des liens’… […]si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde… »
Sucre, produits sucrés et recommandations, pour ne plus bannir cet aliment plaisir
Tous les sucres ne se valent pas, il en existe deux types :
– les sucres naturels, comme le fructose dans les fruits, le lactose dans le lait, les sucres complexes dans les féculents, céréales et légumes. Ils sont tous indispensables et sont associés à d’autres nutriments essentiels à notre santé : calcium, vitamines, fer, protéines, lipides, …
– les sucres ajoutés, présents dans les produits industriels qui envahissent les rayons (biscuits, concentrés de jus de fruits, certaines compotes, ketchup,…etc). En bref, ceux à fuir !
L’OMS recommande, à travers le Plan National Nutrition Santé, un apport maximum de 10% de l’apport énergétique conseillé, soit environ 25g de sucre libre par jour.
Pour illustration, voici quelques notions de quantités :
– 1 cookie aux pépites de chocolat = environ 6g de sucre
– 1 crêpe au sucre = environ 9g de sucre
– 30g de muesli aux fruits secs = environ 5g de sucre
– 30g de céréales chocolatées pour enfant = environ 9g de sucre
Ces quantités de sucres libres sont bien plus importantes dans les produits industriels que dans les préparations faites maison, où l’on recommande de réduire la quantité de sucre apporté d’un quart voir de la moitié par rapport à la recette habituelle, lorsqu’elle est destinée aux enfants en bas âge.
La modération du sucre : c’est en cuisine que ça se passe finalement. L’introduction doit se faire de manière très progressive en privilégiant largement les préparations faites maison.
De la même manière, le grignotage de produits sucrés est fortement déconseillé. Ils doivent être intégrés au sein d’un repas : un dessert au déjeuner, un goûter complet (laitage, fruit, produit céréalier) et ils doivent être variés pour maintenir un bon équilibre alimentaire.
Côté boissons, l’eau est LA boisson indispensable et quotidienne. Les boissons sucrées sont à éviter. Les jus de fruits prennent leur part belle à l’éducation du goût et à l’apport en vitamines. Ils peuvent être proposés occasionnellement, 100% pur jus, sans sucre ajouté ou dans le meilleur des cas : fraîchement pressé.
En maîtrisant qualité et quantité de l’aliment choisi pour votre enfant vous permettez un apport nutritionnel intéressant, un plaisir (souvent partagé), et vous évitez le piège de la privation contre-productive.
Gâteaux et gourmandises : emblème de la rencontre et du partage
Vous souvenez vous étant petit…plonger votre doigt dans la pâte à gâteau que votre maman préparait sous vos yeux ; réaliser une jolie tarte aux mûres avec votre grand-mère un dimanche matin ; souffler fièrement vos bougies trônant sur le gâteau, applaudi par vos copains et copines. Puis, plus tard, rappelez-vous les desserts apportés aux repas entre amis, les petits fours sucrés dégustés pour célébrer un pot de départ, un joyeux événement… Tant de madeleines de Proust dans ces souvenirs sucrés.
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Les gourmandises, les gâteaux réunissent famille et amis, permettent de se retrouver, se rencontrer et partager de bons moments.
Ces notions de partage, de plaisir et de rencontre, nous les offrons aux enfants au sein de nos structures lorsque nous leur proposons de faire de la pâtisserie pour préparer des cookies ou leur gâteau d’anniversaire ; lorsqu’ils partagent le goûter dans le jardin ; lorsque nous dressons un joli buffet (souvent sucré) pour les fêtes des familles.
Dans nos missions éducatives, l’éveil au goût et aux saveurs tient aussi sa place. Nous encourageons les découvertes gustatives des enfants en actionnant les leviers à notre disposition. Par exemple, nous proposons un self-service où l’enfant se sert des différents plats présents afin qu’il devienne acteur de son alimentation. Les enfants prennent leur repas en petit groupe de 6 maximum et accompagné d’une Nurs’ qui a la même assiette que les enfants. Par curiosité ou par mimétisme, ces configurations donnent un élan aux expériences gustatives des enfants, nous l’observons tous les jours. Les plats et les assiettes sont sains, équilibrés et suivent les recommandations du Plan National Nutrition Santé évoqué par Marie précédemment.
Salé, sucré, acidulé, parfois un peu amer, les saveurs sont multiples dans les assiettes. Seule la faim, la satiété (et les contraintes médicales) rythment les découvertes des aliments.